Qu'est-ce que le glanage ?
A l’origine, le glanage concerne le ramassage des fruits, légumes et même céréales restés au sol lors des récoltes. Si on remonte au Moyen âge, la vision du glanage était très négative ; cette pratique était réservée aux pauvres, défavorisés et aux malheureux Dans une société de surconsommation, faire de la récupération est un sujet tabou, mal vu et parfois interdit.
Mais cette pratique commence à se diversifier. Elle devient un moyen de lutter contre le gaspillage alimentaire, un nouveau moyen de consommer, une solution à la crise environnementale actuelle.
Il y a là un enjeu économique, social, écologique et philosophique. Mais rien n’est encore gagné. Comment consommer autrement ? Quel est notre avenir dans une société où tous les produits sont des déchets en puissance ?
Cela fait plusieurs années que des groupes de récupération émergent.
C’est le cas, notamment, de deux associations, dont on aimerait vous parler.
Les Gars’Pilleurs, un “mouvement libre et ouvert”, né à Lyon en 2013. La nuit, ils récupèrent discrètement la nourriture dans les bennes des grandes surfaces, pour les distribuer ensuite gratuitement dans des lieux publics. Piller les bennes des grandes surfaces, c’est un peu comme rentrer dans les failles du système. Leur but est avant tout de dénoncer le gaspillage alimentaire des grandes surfaces et encourager une consommation plus responsable, locale, naturelle.
Plus localement, vous connaissez peut-être SolidariFood, une association angevine, créée en 2015. Elle lutte quotidiennement contre le gaspillage alimentaire, notamment avec ses nombreux frigos solidaires “Partage Ton Frigo”, sa “Tente Antigaspi” au marché ou encore ses ateliers de sensibilisation.
Afin d’en savoir un peu plus sur le glanage, nous avons posé quelques questions à Anya (@anyablc sur instagram) , une étudiante, pratiquant le glanage. Voici ses réponses :
Pour quelle(s) raison(s) as-tu commencé à glaner ?
“Je suis sensible au gaspillage alimentaire et à la faim dans le monde depuis une dizaine d’années. Savoir que des enfants meurent de faim chaque minute pendant qu’⅓ de la nourriture produite est jeté est révoltant.”
Quels sont les produits que tu glanes ?
“Je glane principalement des fruits et des légumes.”
Dans quel état sont-ils ?
“Cela dépend, soit ils sont en très bon état soit avec une imperfection ou bien mûrs.”
A quel(s) endroit(s) glanes-tu ?
“Je glane dans les bennes des marchés mais j'aimerais bien connaître le glanage de supermarchés, voire de magasins bio.”
As-tu des partenaires de glanage ou y vas-tu seule ?
“J’y vais principalement seule mais j’ai pu faire découvrir à des ami.e.s ce que c’était pendant quelques week-end.”
A quelle fréquence glanes-tu ?
“Au moins 2 ou 3 fois par mois.”
Quel est le créneau horaire idéal pour glaner ?
“Pendant le marché ou à la fin du marché.
Pour les supermarchés, c’est souvent le soir voire la nuit. Pour les commerces plus petits dans la ville, il faut connaître les horaires de passages des camions de poubelles, c’est souvent tôt le matin ou tard le soir.”
En général, quelle question poses-tu pour demander à récupérer les invendus ?
“Si je vais dans les bennes pendant ou à la fin du marché, je ne pose pas de questions car nous sommes autorisé-e-s à le faire. Elles appartiennent à la ville.
Et sinon, il m’arrive parfois de demander aux producteur-ice-s sur les marchés “Est ce que vous avez des fruits à compote ou des fruits abîmés ?”. Lorsque j’explique ma démarche pour lutter contre le gaspillage alimentaire, soit ils me font un prix soit ils me les donnent.”
As-tu une routine de glanage avec un ou plusieurs commerçants ?
“Non, pas vraiment. J’achète souvent des lots de fruits/légumes abîmés, qui sont vendus peu chers pour éviter de les jeter. Et ça m’arrive qu’ils m’offrent une corbeille en fin de marché. Après avoir expliqué que j’allais offrir des fruits aux personnes dans la rue, on m’en a donné d’autres.”
Pourrais-tu nous donner quelques avantages et quelques inconvénients du glanage ?
Les + :
“Ne pas gaspiller de ressources, de produits alimentaires (écologie) ; le fait de moins dépenser (économie) et le plaisir de partager avec ses connaissances ou les personnes dans le besoin.”
Les - :
“Le manque de choix des produits que l’on va consommer et le travail de cuisine après le glanage : faire de la soupe, de la compote, des bocaux, etc.”
Justement, lorsque tu récupères tous ces fruits et légumes, comment t’organises-tu pour les cuisiner ? En donnes tu à tes proches ?
“J’en donne aux personnes en précarité qui sont situées aux entrées du marché. Avec le reste, je fais de la compote et j’en déshydrate avec un déshydrateur (acheter sur Le bon coin). Sympa les fruits séchés pour la conservation et mes nombreuses randos ! Et j’en donne à mes camarades de classe.”
Quel(s) conseils pourrais-tu donner aux personnes qui voudraient tenter cette méthode de consommation ?
“Il existe plusieurs groupes Facebook de glaneurs, dont une page inspirante nommée LesGars’Pilleurs. Sinon la méthode la plus simple et discrète est d’attendre la fin d’un marché pour récupérer les choses laissées. Tentez l’expérience !”






Pour aller plus loin, vous pouvez vous documenter sur le sujet :
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Un documentaire à regarder : Doumic, L. Zelez, E. (2016). Les tribus de la Récup - Film Documentaire Complet, France THM Productions https://www.youtube.com/watch?v=p2oU8Omy-DE
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Un autre article à lire : France Nature Environnement. (2017, 9 août). Les nouveaux glaneurs au secours des aliments perdus et gaspillés. Consulté à l’adresse https://www.fne.asso.fr/dossiers/les-nouveaux-glaneurs-au-secours-des-aliments-perdus-et-gaspill%C3%A9s
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Une personne inspirante à suivre : nous vous encourageons vivement à suivre @anyablc sur Instagram, qui partage des petites séquences de vie écologique, y compris lorsqu’elle glane .
Article réalisé par Justine Boré et Manon Morteau le 16 avril 2021.
Interviewée : Anya
Photographies d'Anya